Je préfère vivre mes rêves,
plutôt que de rêver ma vie.
Tadoba / XXX
Ranthambore/Bandhavgarh
Mai 2009


Tadoba

Ce parc, inconnu en Occident, mais aussi en Inde, présentait pour moi l'intérêt d'être un lieu où le tigre a quelques chances de survie. De plus, étant peu connu, il n'y aurait pas de touristes, ce que je constatais.
Le mois de mai dans l'état du Maharastra est très chaud. Mon premier safari, dans l'après-midi, se fait sous une chaleur de ...46°.

Je cuits, j'étouffe, tout autant que les animaux qui vient s'abreuver aux points d'eau dissiminés dans le parc.

Nous nous orientons vers le giganstesque lac situé au centre du parc. Toute la journée, les aigles y pêchent de délicieux poissons.

Le lendemain matin, je rencontre mon premier tigre qui se repose dans un espace dégagé au milieu des bambous. Puis il se lève et traverse la route depuis laquelle nous le photographions, pour aller se désaltérer au point d'eau.


L'anecdote, vient de cette route. En effet, le parc est traversé par une voie qui relie deux petites villes. Un bus assure le transport entre elles. Or, aujourd'hui, il y a une surprise pour les passagers. Un tigre traverse devant eux. C'est l'effervescence dans le véhicule. Les gens voient "en prime" un tigre pour le prix d'un ticket de bus !

C'est ça aussi l'Inde !

Les jours suivants, je rencontre beaucoup de gaurs, des sambars peu farouches, et quantités d'oiseaux. Plus tard, après avoir furtivement apperçu un ours, mon guide me conduit à un endroit à ours lippu.

Au sommet d'un arbre, des essaims.

Sur le tronc, les griffures de l'ours.

Pour finir ce séjour, nous pouvons observer un tigre dans son bain.

Porte d'entrée du parc.

Je quitte à regret ce parc et son calme. J'espère que l'avenir ne le reverra pas envahi de touristes. Mais peut-être (ou surement) que la survie du tigre est à ce prix.

XXX (on s'étonnera que je ne donne pas le nom de cet endroit rare. D'içi quelques mois, je serai en mesure de le faire. Pour l'instant, je suis tenu à la confidentialité).

Depuis quelques temps, des rumeurs dans un petit cercle d’initiés évoquaient un endroit, nulle part, mais en Inde. Il était temps d’aller sur place se rendre compte de la réalité.

La découverte

J’arrivais donc en cette fin d’après-midi du mois de mai, tout frais d’espérance mais très sceptique. Aussitôt installé, je ne résistais pas à aller immédiatement me faire une idée.

Dans une jeep, avec un chauffeur et un guide, nous voilà bientôt dans un magnifique paysage de massifs rocailleux parsemant de vastes étendues semi-désertiques.


Au bout d’une heure, notre 1er léopard. Certes loin, mais serai-ce donc vrai ?

Le jour tombant, nous appercevons furtivement un autre animal.

Puis la nuit se fit noire. De retour au bercail, je m’endormais plein d’espoir pour le lendemain.

La rencontre

Lever à 4 h30. Sur place à 5 h30.

Quelques lueurs se font jour. Le léopard se prélasse, nargué par les paons. Il aura sa revanche. Plus loin, un autre léopard, bullant sur les rochers.

L’après-midi, la quête recommence. Nous apercevons au loin une femelle léopard.

Voyons ma passion et mon intérêt, mon guide me propose d’essayer d’approcher le léopard à pied. Est-ce possible sans qu’il nous apperçoive? J’en doutais beaucoup. Il sourit.

Par une large boucle, nous contournons de gros rochers afin de disparaitre à la vue de l’animal. Après une lente et longue progression courbés, nous nous retrouvons face au vent, sur son coté. Nous sommes à 4 pattes et nous finissons à plat ventre. Le léopard est à quelques dizaines de mètres. Nous sommes tapis derrière un gros cactus. Il se tourne dans notre direction mais ne nous voit pas !? Il est totalement détendu, et absolument pas en alerte. Pour avoir vu bon nombre de léopards, ce léopard est totalement différent, pour la raison évoquée plus haut. Je prends 1 cliché., puis un autre très espacé.


Le cactus me gêne. Je tente de bouger de quelques centimètres, tout en sachant bien que l’on serait repéré. Peut-être le besoin de se sentir participer à cette scène magique, seul face à ce prédateur.


Un centimètre a suffit. Le rêve est fini, mais il continuera encore longtemps à hanter ma mémoire.

La nuit tombe vite sous cette latitude, et nous décidons de faire un safari de nuit sans rentrer à la maison.

D’abord un léopard tapi dans un buisson , regardant avec intérêt ...un chien.

Nous sommes postés devant un temple, lieu de villégiature d’une famille léopard. Soudain, la vision improbable. Sur les marches serpantant sur la montagne, un léopard baille. Le faible spot n’est pas à la hauteur, mais qu’importe.

Mon guide n’abandonne pas. Alors que la nuit est bien noire, il continue à suivre les félins . Aurait-il une vision nocturne comme les chats ?

Soudain, il s’excite. Enfin, c’est plutot moi, parce que pour lui, ça semble la routine. D’abord la mère, décontractée. Ensuite avec ses petits.


Enfin, un petit pose pour la postérité.

Je me démène à faire des photos avec une malheureuse lampe de 100w. Là évidemment un bon 25000 iso aurait été le bienvenu. Enfin je prends avec 1600 iso au 1/30s. Il faut savoir se débrouiller...

Le bouquet final

Mon premier léopard à 6 h. Je n’en reviens pas, il vient d’attraper un paon mâle. Je suis fasciné par cette observation que je fais à la jumelle. Mon tracker me signale que j’en oublie la photo. Vite mon télé, vite des photos rares.

Sur le haut de la photo, la femelle paon regarde les derniers instants de son compagnon.

Le léopard ayant disparu pour consommer son forfait, nous changeons d’endroit. A 7h, mon tracker se fige un léopard s’approche. Il a repéré une proie.

Nous nous trouvons sur la trajectoire. Il contourne légèrement mais pas assez pour empêcher des photos, bien au contraire.


Puis il renonce, sûrement à cause de notre présence.

Tout retourné par ces moments intenses, je respire profondément. Mon tracker sourit. Malgré tout il maintient son attention.

Au bout d’un moment, un léopard apparait et s’immobilise derrière un cactus. C’est une maman qui surveille les environs pour ses petits (je pense).

Un deuxième léopard s’avance sur la paroi en pente.

Plus haut, encore un autre observe le reste de la famille.


La lumière du matin se réchauffe. je suis cette famille qui se regroupe.
C’est pas possible, 3 léopards indiens sur une photo !.


La lumière est délicieuse, le décor sompteux, les animaux magnifiques.

Mon guide sourit encore plus. “Tu sais, il y a 4 léopards dans cette famille”.

Les 3 animaux disparaissent après une longue observation. Je suis aux anges.

Profondément heureux, avec un souhait peut-être inabordable ?
4 léopards sur une même photo...
Mon guide me regarde toujours en souriant .

Le soleil est à présent bien haut.
Le silence alentour évoque la sérénité des lieux. Des paons paradent devant les femelles. Un cri d’alarme. Voilà l’apothéose !

1,...,2...,3...,4...léopards sur la même photo...en Inde.

Je pris mes jumelles pour observer leurs jeux sur les rochers.

9 léopards en une matinée. je n’en reviens toujours pas.


Avoir pu observer des léopards, sans touristes, seul au monde dans un décor de rêve inédit pour ce type de photo. Qui n’aurait pas aimé être à ma place ?
J’en savais assez sur ce magnifique endroit et je fis mes valises pour d’autres aventures.

Ps: Mon hote vient de m’écrire. Le père léopard a rejoint sa famille.
C’est maintenant 5 léopards sur la photo. Grrrrrr...

Vous trouverez une version de ce "carnet léopards" avec les photos en taille supérieure, sur le fil que j'ai lancé sur un forum animalier ami COW

Ranthambore

Mon séjour dans le parc était écourté de quelques jours. En effet, le comptage annuel des tigres était en cours. ( Nb: Les résulats que je viens d'avoir sont positifs puisque la population des tigres de Ranthambore est en hausse par rapport à 2007: + 10 animaux)

Tôt le matin, nous sommes alertés par le cri alarme d'un sambar. A la jumelle nous l'observons crier avec insistance et regarder dans notre direction. Nous ne pouvons pas croire que c'est à cause de nous. Le sambar est très sûr dans ses alertes; après plusieurs minutes, je sens bien que mon guide est perplexe.

Finalement, nous rebroussons chemin.

1 minute plus tard et 50 m plus loin, nous comprenons.

Un tigre mâle se prélasse sur le chemin. Il n'y avait pas d'erreur !

Après quelques minutes, le tigre part.

Une heure plus tard, dans le même secteur, une tigresse nous autorisera à l'approcher de très près alors qu'elle prend son bain.

Nous sommes seuls avec une autre jeep. L'animal est confiant.

Hélas, un canter, et ses 25 passagers peu discrets, arrive.

Le rêve est fini, le tigre s'en va.
Plus loin, un paon nous offrira une compensation avec une superbe parade amoureuse.

Le jour suivant, c'est d'abord un tigre mâle.

Celui-çi garde sa distance, impossible de l'approcher.

Dommage, mais notre recherche nous conduira à une observation plus intérréssante.

Une mère avec ses 3 jeunes perché sur des rochers. Deux d'entre eux disparaissent à notre vue en descendant sur le versant caché du monticule.

Pendant que sa mère s'est réfugié dans une grotte, un des jeunes se dore au soleil, nullement géné par notre présence.

Depuis quelques minutes, il est vivement interressé par un jeune chital insouciant à quelques mètres en contrebas.

Le lendemain est jour de pélerinage dans le parc et des milliers de pélerins l'envahissent. C'est le jour qu'un tigre choisi pour emprunter la route qui mène au fort.

Le capharnaum débute avec quelques scènes d'anthologie.

Un clin d'oeil à ces touristes japonais pour lesquels les safaris doivent être très "clean".

Le 15 mai sera le point d'orgue de mon séjour à Ranthambore. Le matin nous trouvons 1, puis 2 et 3 tigres. Le ventre arrondi des animaux et les corbeaux alentour nous laissent à penser qu'une proie morte est dans les fourrés.

L'après-midi, nous revenons. Les tigres sont absents et nous essayons un point d'eau tout proche. Les 3 tigres sont là et nous offrent un spectacle magistral en toute quiétude. Nous sommes trois jeeps positionnées à 10 m de l'eau. La mère de 8 ans et ses 2 jeunes de 3 ans vont bien à l'encontre de ce qu'il est raconté sur les tigres. On dit d'eux qu'ils sont solitaires et oublient leurs liens une fois adultes. Içi, nous ne voyons que tendresse, câlins, et aussi de surprenantes marques de respect par rapport à leur mère.

On a vraiment tout à apprendre sur ces animaux tant ce que l'on sait est faux. Hélas, le jour où on saura la réalité sur le tigre, il sera probablement éteint dans la nature...

A la fin de leurs 2 bains successifs, les tigres nous permettront de les suivre.
Nous verrons un tigre adulte grimper dans un arbre, comportement inhabituel pour un animal de cet âge et de ce poids.

Le lendemain sera le dernier jour.

L'après-midi, Je retrouverais un tigre de la veille sous un banian. Il affectionne ce type d'arbre qui offre un couvert important. En ces périodes de chaleur, ce n'est pas négligeable.
Puis il nous suivra sur la route, pour partir se perdre dans son royaume.

Bandhavgarh

J'arrivais à Bandhavgarh en ayant en tête la tragique histoire de ce petit tigre qui venait d'être tué par une jeep. Bien d'autres nouvelles allaient m'attrister (voir news mai).

C'est dans un climat lourd que je prenais le chemin des pistes. Bandhavgarh me semblait avoir perdu son âme. Une très étrange sensation que les choses s'en allaient et qu'elles ne reviendraient jamais.

Les 2 premiers jours furent ordinaires, mais le 3e fut superbe et le 6e extraordinaire.

Ce 3e jour commença par la découverte de la fille de Jhurjura.
Cette petite tigresse a 18 mois et elle est peu craintive.

Nous la trouvons sur le promontoire qui surplombe Rajbhera dam. Elle regarde en direction du lac et il est 7h du matin.

Puis elle vient vers nous, pour repartir se désaltérer.

La lumière est parfaite, il est 7h30.


Ensuite elle se dirige vers le bois qui borde Sera medow, et se met en chasse. Très loin et échec. Elle revient sur le parapet de la digue et va se reposer dans son coin favori, une grotte située sur l'autre versant.

Le lendemain, je me décidais à faire un "tiger show", chose que je fais rarement. Je voulais voir Churbara que l'on dit blessée.

J'observais ma belle tigresse, épuisée et piteusement allongée.

Elle voulu se lever et je l'ai vu boiter de la jambe droite.

Quel triste spectacle.

La matinée du jour suivant se déroule sans grande découverte.

Nous apercevons une éléphant avec son petit nouveau né.

Dès la réouverture du parc, dans l'après-midi, nous nous précipitons pour photographier le petit bout de quelques semaines.

Il est tellement craquant.

Plus loin, nous retrouvons la jeune tigresse (fille de Jhurjura) qui se baigne à Rajbhera dam.

Les conditions de lumière ne sont pas idéales , mais c'est un plaisr de la voir s'abreuver et se tremper dans l'eau. Il est 18h30.

Le 6e jour est un jour extraordinaire.

La journée commence en suivant la fille de Jhurjura. Elle fait son circuit sur la digue et va se reposer dans "sa" grotte. La matinée était bien remplie et la journée était largement "gagnée", mais Bandhavgarh réserve toujours de fantastiques observations à ceux qui lui accordent du temps.

A 16h30, la famille de Jhurjura se regroupe. Les 4 tigres se retrouvent dans l'eau pour une longue baignade.

Les attitudes sont magnifiques. les gros chats se calinent.

Et puis, la jeune femelle que l'on a souvent suivi, se détache du groupe.

Après être passé par le petit bois, elle plonge dans l'eau.

Paphu mon guide me l'avait dit. Cette tigresse a une technique de chasse.

Elle approche les chitals à la nage...

L'observer ainsi en train de nager, tous les sens en éveil, juste cette tête qui dépasse. Elle sort et replonge ainsi par trois fois pour couvrir une cinquantaine de mètres.

Puis elle prend pied sur la terre ferme, elle rampe. Avec sa patte, elle tâte le terrain. Son ventre touche terre. Elle est à 10 m d'un couple de chitals. Le spectacle est extraordinaire, il se passe sous nos yeux, en cinémascope, 100m et pleine visibilité. Hallucinante vision. Un cri retentit. En une fraction de seconde la plaine s'est vidée. Plus de proie, la tigresse dépitée, s'en retourne.

Même maintenant, lorsque je regarde les très nombreuses photos, j'en ai la chair de poule. Extraordinaire 22 mai 2009 à Bandhavgarh.

Les 2 jours suivants, j'aurais la chance de retrouver Dithoo(B2). Il me donnera l'occasion de faire des photos sur de la roche noire, photos bienvenues pour mon prochain livre.

Le lendemain, mon guide me réserve une expérience hors-norme. Il m'avait demandé :" tu veux vivre quelque chose de fort ? " (en référence à ma "rencontre" avec Sukki Pathia, l'an dernier).

Il place sa jeep à 10 cm du nallah près de Sidi Baba. "Tu vois, le petit ruisseau était à sec, mais le département a ouvert une vanne et maintenant il est en eau. Je pense que "New male" qui vient içi une fois par semaine, profitera de l'aubaine". Je connais bien Paphu, c'est un expert, mais... oui, une fois de plus il a raison.

Au bout d'un moment le tigre emprunte le circuit projetté, et vient se baigner à 3m de moi.

Je change d'objectif car mon 300mm est trop gros.

Quel extraordinaire moment ! Il s'en ira au bout d'une dizaine de mn. Lorsque le tigre s'est hissé et a eu la tête à notre niveau, le forest guard est devenu blanc (rare pour un indien), moi je ne bougeais pas derrière mon télé et Paphu avait prudemment rentré le coude.

Tadoba possède la majorité de la faune indienne, bien visible et sans les touristes.

XXX est un lieu absolument unique pour le léopard, avec une observation hors-pair.

Ranthambore offre des visions de très grande qualité et de proximité.

Enfin, avec Bandhavgarh, il y a toujours un bonus, malgré le grand nombre de touristes. C'est la magie de ce parc. C'est pourquoi je m'y rends 2 fois par an.


-


Tous droits réservés © Pierre Chéron -