Je préfère vivre mes rêves,
plutôt que de rêver ma vie.
Manas/Nameri/Kaziranga
Ranthambore/
Bandhavgarh/Corbett
Février/mars




Manas

Après une longue route en travaux (6h30) à partir de Guhawati, voiçi Manas.

Cette Tiger reserve est classée "World héritage" par l'Unesco; malheureusement, une longue occupation par des troupes rebelles, a vidé cet endroit de sa substance.

La faune n'est plus qu'un souvenir. Les tigres y ont été braconnés pour fournir en armes la rébellion, les cervidés y ont été en grande partie éliminés, etc...
Quelle tristesse de voir cette immense étendue de prairies vidée de ses habitants et cette forêt dense mais silencieuse.

Pour que cet endroit retrouve sa splendeur d'antan, il faudra beaucoup de temps, d'argent et de volonté, arrêter l'expansion des plantations de thé ... et accepter de chasser les vaches qui ont colonisé une partie de la prairie ...

Nota: Les autorités ont débuté un programme de réintroduction du rhinocéros unicorne. Quatre spécimens sont pour l'instant en quarantaine dans un enclos.



Nameri

Après une installation à l'Eco camp, mon passage à Naméri est consacré à la descente de la rivière, riche en oiseaux. L'occasion de faire quelques clichés d'espèces spécifiques à ce parc.

Nameri ne representait qu'une halte dans la longue route entre Manas et Kaziranga.
Les choses sérieuses pouvaient enfin commencer.


Kaziranga

La partie de ce carnet consacré à Kaziranga sera plus longue que pour les autres parcs car c'est la première fois que je le visite.

Kaziranga est le joyau des parcs de l'Assam.
Il dispose de gardes dévoués à la protection de cet héritage naturel, et plusieurs d'entre eux y ont perdu la vie dans leur lutte contre les braconniers. La particularité du parc de Kaziranga est qu'il possède une des 3 populations du rarissime rhino unicorne indien. Et la plus nombreuse avec plus de 1200 individus. Celà n'est pas sans attiser la cupidité des mafias, puisque la corne du rhino indien est réputée être plus efficace que son collègue africain pour pallier les déficiences sexuelles des chinois.
Au vu de la demande croissante, ces "pannes" asiatiques doivent être très importantes...

Plongeons-nous dans ce confetis de paradis.

3 zones composent le parc:
la zone Centrale, d'où partent les safaris du matin, et la zone Ouest, sont denses en mammifères. La zone Est est plus propice aux oiseaux, particulièrement sur la partie bordée par le mythique fleuve Bramhapoutre.

zone Ouest
zone Est

La première chose que l'on a en tête, c'est voir le rhino, lui qui est tellement différent de celui d'Afrique. Une seule courte corne et un blindage étonnant qui le fait ressembler à un char d'assaut. C'est une femelle et son petit qui me donne ce premier plaisir. Les 2 animaux sont en contrebas de la piste, dans une prairie partiellement désherbée. Au bout de quelques minutes, sans doute soucieuse de la sécurité de son petit, la mère tourne les talons pour disparaître dans les hautes herbes avec son petit.

Plus loin, dans une végétation différente, je peux enfin voir un joli groupe de buffles d'eau sauvages. La lumière du soir est douce. Les animaux semblent indifférents à notre présence. Seul le chef du clan ne nous quitte pas des yeux.

A présent, la lumière est tombée. Sur le chemin du retour, nous assistons à une rapide altercation entre un buffle et un rhino, sans bien comprendre le pourquoi de cette rivalité.

La journée suivante se déroule dans la partie centrale. Elle débute avec un safari à dos d'éléphant. Malheureusement le temps est maussade et les observations sont moyennes. Puis continuation en jeep vers les étangs et les forêts. Là, beaucoup d'oiseaux. L'occasion de photographier de nombreux oiseaux et malgré son éloignement, le grand calao.

J'espère que le temps se remettra au beau. Mon guide me dit que le temps est toujours mitigé à cette période, mais il m'assure immédiatement que c'est la meilleure période. Il me faudra donc faire avec.


Le lendemain, notre éléphant nous attend pour un safari matinal.

Nous évolueons dans une prairie où les herbes ont été récemment brûlées.

Le safari jeep du matin se déroule dans la partie Est. Celui de l'après-midi, dans la partie Ouest. Tour à tour, nous observerons un buffle se baignant dans un étang rempli de nénuphars, de multiples d'oiseaux le long de la rivière, des troupeaux de buffles. Cepandant, 2 observations sont plus marquantes. Tout d'abord celle de cet éléphant en plein bain de boue.

La visibilité est mauvaise (disons, pas ce qu'il y a de mieux). Le guide m'autorise à y aller à pied accompagné par le forest guard en arme. A quelques dizaines de mètres du pachyderme, je peux alors faire ces beaux clichés d'un éléphant tout à son bonheur.

Plus tard, l'autorisation me sera à nouveau donné face à un rhino et à son petit. Mais sans le garde! Je réalisais après coup que ce face à face à trente mètres était un peu "chaud". Mais quelle émotion !!!

Le lendemain, le temps ne sera pas avec nous.

Devant une pluie torrentielle, on interrompera le safari matinal. Celui de l'après midi sera maussade. Seule la charge d'un buffle pimentera cette journée.

Dernier jour. Temps brumeux à souhait. Londres en Assam. Mon guide m'annonce avec une grande tristesse que le temps n'est pas bon. Je lui réponds par :"C'est excellent".
Je revois encore sa tête !!

J'avais à l'esprit des photos faites dans la brume et le ciel m'exhaussait. La difficulté de photographier dans la brume vient au fait que la mise au point est difficile par manque de contraste, mais aussi qu'il faut ajuster parfaitement la profondeur de champ. Bref du pile poil, car si trop ou pas assez, on voit plus rien. Le juste milieu, quoi !

Et l'on termine par un coucher de soleil.


Ranthambore

Après un long trajet en train, me voiçi dans le célèbre parc de Ranthambore.
De nouvelles règles sont appliquées dans le parc. La plus contraignante est le nombre de personnes par jeep, fixé à 6. Une autre est le tirage au sort des routes utilisées. Mais là, la mesure est juste car elle évite les passe-droits.

Début du 1er safari matinal. Je me retrouve dans la jeep avec un couple pour qui s'est la 1ère fois. Après avoir tiré la route, nous nous embarquons pour le safari. Après le trajet qui relie l'entrée extérieure du parc à la porte qui donne accès aux routes, nous nous arrêtons. Toutes les jeeps se retrouvent et les drivers descendent et se mettent à bavarder bruyammant. Au bout d'un moment, la jeune femme du couple me tape sur l'épaule. "Tiger !". Je regarde dans la direction qu'elle m'indique. A 5 m en retrait du porche de la grande porte toute ouverte, à quelques dizaines de mètres, un tigre nous regarde d'un air interrogatif. Quelle expression !

Aussitôt, le signal est donné, le tigre est là.
Tous les chauffeurs se ruent dans leurs voitures et c'est le rush derrière le tigre qui a tourné les talons.
Je me tourne vers la jeune femme.
Elle est aux anges. Son premier tigre.

Cette histoire (vraie) caractérise bien Ranthambore. Il est assez facile de voir un tigre et les conditions sont très "touristiques".

La suite nous donnera de nouvelles observations, comme cette tigresse qui marque son territoire (surement pour attirer un mâle)

Le lendemain à 7h du matin, nous trouvons une famille de 3 tigres

Un peu plus tard une tigresse qui patrouille

La matinée s'achèvera par une visite au fort de Ranthambore.

Le jour suivant, un évènement difficile à observer. Un tigre en pleine chasse.

Nous étions au bord du lac.

Sur l'autre berge en face, un mouvement de chitals appeurés. Un tigre chassait. La jeep démarra en trombe. Lorsque nous arrivâmes, plus rien. Puis tout d'un coup, un chital nous fonca carrément dessus en faisant un z à 2 /3 m de la voiture avec un tigre aux trousses. Vraiment du très sérieux. J'avais un boitier reflex en main monté avec un long télé; le temps de réagir (quelques secondes), je photographiais un tigre dans sa phase finale avant arrêt et tronqué à cause du télé. Toujours est-il que de voir cette puissance lourde lancé avec de longues emjambées aux trousses d'un petit cerf rapide et tout en légèreté dans une gerbe d'eau; quel spectacle unique, rare et innoubliable que nous a offert la nature.

Une fois que le tigre eut abandonné et tourné les talons, nous nous mimes à le suivre.

Ce qui nous permit de l'admirer prendre son bain. Pour ceux qui n'ont jamais eu la chance de le voir, il y a quelque chose qui me ravit toujours.
On sait tous que le tigre aime l'eau et qu'il est un fort bon nageur. Mais il déteste se mouiller la tête; c'est donc avec préciosité qu'il rentre lentement, en marche arrière, dans l'eau. Et je ne me lasse jamais de voir ce gros chat, agir avec tant d'attention pour s'épargner un quelconque désagrément.
Le spectacle est d'une telle beauté que l'on se dit que vraiment le tigre est l'empereur des animaux.

Evidemment j'ai vu plein d'autres magnifiques animaux dans d'excellentes conditions, pour peu que l'on prenne le temps évidemment. Mais la place manque içi.

En marge à mon séjour à Ranthambore, je me rends au Sawai Mansingh Sanctuary.
A l'entrée du sanctuaire je vais voir le forestguard qui a reccueilli une petite panthère blessée et abandonnée par sa mère.



Ma nouvelle copine. 7 mois


En tout cas, elle est bien joueuse.

Note aux lecteurs qui peuvent réprouver: Je sais qu'il ne faudrait pas que les hommes l'approchent pour ne pas trop compromettre sa réintroduction, mais comment résister après en avoir vu et admiré des dizaines tellement intouchables (et c'est bien ainsi).

Bandhavgarh

Lorsque je suis à Bandhavgarh, je ne pense qu'à une chose: les tigres.

Raj, le proprio du Nature Heritage confirme mes prévisions.

Beaucoup de naissances. Il était impératif que je fasse connaissance au plus vite avec les nouveaux venus. Pourtant les recherches furent laborieuses. Jusqu'à ...

Je ne raconterai que cet extrait, d'autant que je reviens à Bandhavgarh dans 1 mois et demi. Mon prochain carnet sera entièrement "tigres à Bandhavgarh".

Donc, je voulais absolument voir la nouvelle portée de Amanala, la tigresse que j'avais photographié avec 2 jeunes de 11 mois.
Cette fois, elle a 3 petits de 3 mois.

Le dernier jour, nous repérons sur son territoire un sambar mort. Papouh, mon guide, me dit qu'à son avis elle reviendra chercher sa proie pour la trainer près d'un petit ruisseau où doivent se trouver ses petits. Papouh connait bien ses tigres puisqu'il est guide depuis 15 ans. Il me dit que des photos avec un tigre qui porte un sambar, ça fera de beaux clichés pour mon livre. 100 % d'accord, donc nous nous postons et attendons. Les heures passent, rien. Pareil en ce début d'après-midi.

La proie a été cachée par le félin dans les bambous à 20 m de la piste. Sur cette piste nous sommes en retrait d'une trentaine de m pour laisser passer Amanala. Mais rien ne vient. Et c'est quand on se met à désespérer (les heures ont été longues sous le soleil) que l'évènement se produit. La tigresse arrive enfin. Et avec ses petits. Et dans notre dos.

Il est très rare de voir des bébés tigres de 3 mois. Surtout dans ces conditions.

Clopin, clopan, les petits, après une hésitation, prennent leur courage à 4 pattes et sortent des bambous pour suivre maman, font un petit bout de route et replongent dans le sous-bois pour accéder au sambar (durée 52 secondes !). Ensuite, la maman essaye de manger tandis que 2 petits se tiennent sages. Le 3e essaye de gouter à la viande et finalement trouve plus rigolo de s'amuser avec la queue de sa mère. Il est également tout étonné par ces humains qui s'agitent.

C'est un dimanche. Alors je me plais à imaginer...

Maman tigre dit à ses petits: "Aujourd'hui c'est dimanche, alors nous allons au parc d'attractions voir les humains avec leurs curieux appareils qui font clic-clic-clic. On verra aussi leurs machines bizarres qui font du bruit et de la fumée. Et si nous avons de la chance, 2 machines se tamponneront et nous assisterons à une dispute entre les hommes."

C'est exactement ce qui s'est passé.

Une fois de plus Bandhavgarh m'a comblé, me donnant une nouvelle fois le Graal des photographes animaliers de tigres.

Un bonjour à Jonathan Scott que j'ai croisé. L'ambiance indienne doit le changer du Kenya.

Corbett

Corbett que j'avais visité en juin dernier, présente un visage différent. L'herbe de la prairie qui borde le fleuve a été coupée. Exit les beaux lézards. Mais les oiseaux sont toujours là. Et les singes sont toujours aussi curieux.

Fin d'un voyage très riche en observations et émotions de toutes sortes.


Manas m'a déçu et Nameri m'a laissé sur ma faim.

Kaziranga est magnifique, il y souffle un sentiment de quiétude et d'espace libre.

Ranthambore jouit d'un environnement de lacs et palais propices à des photos très scéniques, au service du roi tigre.

Bandhavgarh, fidèle à sa réputation, offre de fantastisques contacts avec ses tigres.

Et les forêts de Corbett sont toujours aussi magiques.


Voir Galerie photo n° 5


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